jeudi 4 juin 2009

Les z'amours !

Trouver un partenaire, c'est pas la chose la plus simple du monde. Il faut qu'il/elle soit comme ci ou comme ça, pas trop de ci ou de ça. Un calvaire. Souvent, on dit que les jeunes filles choisissent des mâles ressemblant à leurs pères...Rumeur? Pas si sur ;)


Dans la nature, on a deux contraintes principales dans le choix du partenaire basées sur la génétique. L'être choisi ne doit être ni trop proche ni trop éloigné, pourquoi? Je m'explique. Chez la plupart des animaux, on a une paire de chaque chromosome (par exemple, 2 chromosomes 11 , voir figure 2) l'un venant de la mère et l'autre du père. Chacun de ces deux chromosomes porte les mêmes gènes, mais pas forcément la même version de ce gène! C'est ce qu'on appelle des allèles (un gène peut avoir différentes formes alléliques). Avoir deux copies différentes d'un même gène permet de limiter les effets d'un gène muté pouvant conférer des maladies, on dit que la personne est hétérozygote pour ce gène (possède deux copies différentes). Mais si des gens proches génétiquement (frère sœur, etc) s'accouplent, et que chacun était porteur d'un allèle muté, on a alors plus de risque que la descendance hérite des deux mêmes gènes mutés et donc de tomber malade. On dira alors que la personne est homozygote pour ce gène (porte deux mêmes copies d'un même gène). C'est la consanguinité.

Figure 2 - Caryotype humain masculin. Voyez, deux chromosomes à chaque fois !

Ce n'est pas pour rien que dans la très grande majorité des sociétés humaines, même sans en connaître la raison génétique, les unions consanguines sont illégales et fortement déconseillées. Trop de consanguinité révèle les allèles délétères et provoque des maladies plutôt graves comme des trisomies, des retards mentaux et toutes autres formes de maladies d'homozygotie.

On comprend donc que dans la nature, il est plutôt mal venu de se reproduire avec des individus trop proches ! Mais comment les animaux savent-ils que un tel ou une telle sont de la famille? Eh bien il semblerait, d'après des études menées chez le rat, que les individus savent repérer les individus proches par olfaction, reconnaissance par familiarité etc. Chez les mésanges, les individus se reconnaissent principalement par le chant. En effet, chez ces oiseaux, le chant possède une base génétique et culturelle que transmet le père à ses fils.


Donc vu les dégâts, il semblerait plus profitable de prendre quelqu'un de très éloigné génétiquement ! Eh ben non ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Prendre un partenaire trop éloigné provoque également des dégâts. En effet, les parents sont en général des êtres bien adaptés, donc les associations de gènes semblent tenir la route. Il est par conséquent important de maintenir ces associations et pour ça, il faut s'apparier avec quelqu'un qui n'est pas trop éloigné non plus ! Un peu de métissage est toujours profitable, mais pas d'excès ! C'est ainsi que chez les mésanges, les femelles choisissent des mâles dont le chant ressemble à celui de leur père et de leur frère, mais écarte ces derniers de la liste des prétendants potentiels. On remarque alors que ce sont les cousins cousines plus ou moins éloignés qui remportent le plus grand succès. Pas trop proches pour éviter la consanguinité, mais pas trop éloignés non plus pour ne pas briser les associations génétiques favorables. Bango, les couples font plus de petits et en meilleure santé !


Cela se vérifie chez pas mal d'espèces animales, mésanges, rats, cailles du japon etc etc, mais aussi chez l'humain. Même si là il faut prendre des pincettes géantes, une étude faite en Islande (pays relativement homogène socialement), aurait montré une tendance selon laquelle les couples de cousins de 3ème et 4ème génération auraient eu plus d'enfants et de petits enfants que les autres couples !

4 commentaires:

  1. Dans le domaine des migrations internationales il semble que les males surnuméraires sont de moins en moins interessés par leur destin traditionnel et ont quelque peu bouleversé le systeme de reproduction des pays d'accueil !

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  2. Oui c'est intéressant cette histoire de consanguinité. Sur l'étude en Islande Tom Roud avait fait une excellente synthèse (ici).
    J'avais relevé (dans ce billet) que des chercheurs avaient fait jouer des cailles des blés à "Tournez Manège" et ont effectivement constaté qu'elles préféraient leurs cousins. Dans ce cas c'était le plumage qui semblait marquer la distance génétique. Les souris fonctionnent plutôt à l'odeur. Comme les hommes, ce qui a inspiré de drôles d'expériences à base de reniflage de sueur pour mesurer nos préférences sexuelles en fonction de la compatibilité génétique...

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  3. Coucou,

    il y a aussi pas mal d’études sur l’importance du type HLA dans le choix du partenaire (chez l’homme). Il semble qu’on s’apparie de préférence avec un partenaire de type différent.

    Il se trouve que le locus HLA est lié à des gènes codant pour des récepteurs olfactifs ! De fantastiques expériences font renifler à des étudiantes les t-shirts sales des étudiants. Elles désignent ceux qui sentent bon le grand fauve de la jungle : oh, ce sont ceux des étudiants qui ont un type HLA différent du leur... (malheureusement je n'ai pas la référence de cette étude)

    Hervé

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  4. Salut Hervé !

    Oui j'ai vu ça aussi dans pas mal d'émissions à la télé. C'est ultra intéressant, mais je savais pas pour la liaison à des gènes d'olfaction, c'est encore plus intéressant!

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