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L'origine du Climate Gate ou le triomphe de la mauvaise foi
vendredi 4 mars 2011
Go Claude Henry !
La terre serait-elle plate à l'Institut de France ?
Les professeurs Claude Allègre, Vincent Courtillot, et quelques collègues, ont créé un organisme dont une des missions est d'informer les Français que les activités humaines ne sont qu'une cause mineure du changement climatique. Ils souhaitent que l'Institut de France – qui regroupe cinq Académies, dont l'Académie des sciences – abrite cet organisme, lequel jouit déjà d'appuis significatifs dans certains milieux. Un bref détour par les Etats-Unis aidera à saisir les enjeux.
Il n'y a pas que les membres de la Société de la terre plate qui croient que la terre est plate. Une majorité d'Américains le croient. Si ce n'est pas littéralement, dans un même égarement scientifique, ils croient que l'univers n'a pas beaucoup plus de six mille ans, ou que le trou d'ozone est principalement dû à l'activité des volcans, ou encore que les activités humaines ne sont pas pour grand-chose dans le changement climatique. Ces croyances leur sont inoculées par de puissantes organisations, commerciales ou autres, par des organismes-écran d'apparence scientifique que ces organisations ont créés et financent généreusement, et par des porte-parole (dont certains ont de brillants antécédents scientifiques) adossés à ces organismes.
Il y a d'abord eu la planète tabac. A la base, on trouve ici American Tobacco, Benson and Hedges, Philip Morris, R.J. Reynolds… Ces entreprises ont créé le premier organisme-écran, sous un nom infiniment honorable : Alexis de Tocqueville Institution (François de la Rochefoucauld aurait apprécié l'hommage rendu, une fois de plus, par le vice à la vertu). Quant au porte-parole en chef, c'est un haut gradé de la science, Fred Seitz. Auteur de contributions importantes en physique de l'état solide, il a présidé pendant sept ans la National Academy of Sciences, et ensuite la prestigieuse Rockefeller University.
A sa retraite en 1979, l'industrie du tabac lui a confié, avec de gros moyens financiers, la mission de susciter des recherches et de mener des campagnes d'information visant à jeter le doute sur les résultats des études épidémiologiques qui commençaient à révéler la nocivité du tabac. En exploitant au maximum les effets de ce rideau de fumée scientifique, ainsi que des formes plus traditionnelles de lobbying, l'industrie du tabac est parvenue à repousser jusqu'en 2006 une condamnation de portée nationale, particulièrement infâmante quand elle est venue, il est vrai, car prononcée sur la base du Racketeer Influenced and Corrupt Organization Act.
Après le tabac, il y a eu les dénis des pluies acides, du trou d'ozone et même des dangers de la guerre des étoiles. Et maintenant, paraît-il, les hommes ne sont pas pour grand-chose dans le changement climatique. Nouveaux sponsors : Exxon Mobil, BP, Peabody (première entreprise charbonnière des Etats-Unis), Ford, General Motors, une demi-douzaine de producteurs d'électricité, d'autres encore. Nouveaux organismes-écran, aux noms toujours engageants : National Resources Stewardship Project, Greening Earth Society, The Advancement of Sound Science Coalition… Fred Seitz s'est encore engagé dans ce combat, ainsi qu'un autre physicien de renom à la retraite, Fred Singer, connu pour ses "bons" mots ("Les écologistes sont comme les pastèques, verts à l'extérieur, rouges à l'intérieur") et sa mauvaise foi dévastatrice.
Il y a aussi, notamment, le géographe Tim Ball, connu pour son "bon" sens ("Comment peut-on parler sérieusement du climat dans cinquante ans alors qu'on est incapable de prévoir le temps qu'il fera l'été prochain ?"). Et le maître manipulateur Frank Luntz, qui dans le Straight Talk Memo a rassemblé des consignes de campagne pour les candidats républicains aux élections de 2004, George Bush compris ("Si le public vient à croire que le débat scientifique est clos, ses vues sur le réchauffement global s'ajusteront en conséquence; il faut donc faire de l'absence de certitude scientifique un thème central pour entretenir le débat").
INTÉRÊTS PARTICULIERS
Et c'est bien l'objectif de tout ce monde : se saisir de la part inévitable d'incertitude que comporte une science traitant d'un système complexe (que ce soit le climat, le corps humain, une forêt tropicale, l'océan…), monter en épingle cette part d'incertitude, l'amplifier, la fabriquer le cas échéant, afin de discréditer – notamment au cours de débats médiatiques prétendument "équilibrés" entre "opinions" opposées – des résultats scientifiques qui valident des choix politiques dont ne veulent pas certains acteurs économiques ou politiques bien placés. Le doute est un moteur irremplaçable dans la démarche scientifique, mais manipulé et asservi à des intérêts particuliers, c'est un moteur non moins efficace de confusion dans le public et chez les responsables politiques et économiques. Ce moteur a remarquablement fonctionné : "Les activités humaines sont-elles la cause du réchauffement global ?" (Pew Research Center National Survey on Climate). Réponses : 50 % de oui en juillet 2006, 34 % en octobre 2010.
Jamais cependant les grandes institutions scientifiques américaines, comme la National Academy of Sciences ou l'American Association for the Advancement of Science (éditrice de Science Magazine), n'ont entrepris quoi que ce soit pour légitimer l'un ou l'autre des organismes-écran ou leurs porte-parole. A cet égard, il y a donc encore une marge d'innovation que certains semblent vouloir exploiter en France. Pourquoi ? Et pourquoi des scientifiques connus y poussent-ils ? Pourquoi ont-ils tué en eux la probité scientifique ? Pourquoi détestent-ils à ce point leurs petits-enfants ?
Même aux Etats-Unis, il ne semble pas que l'argent soit la motivation principale. Il ne faut pas sous-estimer la difficulté psychologique pour une certaine génération de scientifiques et d'ingénieurs à accepter l'existence d'un accroc au progrès aussi monumental que le changement climatique. Et, au moins chez ceux qui se sont fait antérieurement une réputation enviable – en général dans des disciplines scientifiques fort éloignées de la climatologie – mais qui ont leur avenir scientifique derrière eux, il y a comme une volonté farouche de survie sous les feux de la rampe, un ego qui ne veut pas s'effacer.
Est-ce le rôle de l'Institut de France de soigner l'ego de quelques scientifiques de cette sorte en accueillant en son sein l'organisme-écran qu'ils s'emploient à développer pour proclamer que les activités humaines ne sont qu'une cause mineure du changement climatique et, pourquoi pas, que la terre est plate ? (Incidemment, comment traduit-on "Exxon-Mobil" ou "Peabody" en français ?)
Claude Henry, professeur à Columbia University, professeur honoraire à l'Ecole polytechnique, membre fondateur de l'Académie des technologiesmercredi 22 décembre 2010
Célèbre malgré elle
Chers lectrices et lecteurs, je vous présente un billet qui a été écrit par un ami à moi, qui souhaite vous faire partager sa science ! Bonne lecture !
29 Novembre 2010. La NASA annonce la tenue d’une conférence pour le moins accrocheuse. Son objet ? Discuter d’une découverte en astrobiologie dont l’impact se répercutera sur la recherche de preuves d’une vie extra-terrestre.
Enfin ! Nous ne sommes plus seuls ! Spéculons les enfants ! Petits hommes verts, gris, poilus, glabres, anthropomorphes, anthropophages, doués de paroles, inferieurs par la taille, supérieurs par l’esprit, pacifiques, belliqueux, je pourrais donner ici plus de 42 bonnes raisons pour lesquelles cette annonce a éveillé en moi quelque émoi scientifico fictionnel dépassant bien sûr toute raison scientifique. Raison scientifique qui aurait nécessairement du attirer mon œil vers les personnalités présentes à cette conférence, et notamment celle qui se révèlera être l’étoile de cet évènement : Felisa Wolfe-Simon membre du centre de recherche en astrobiologie de la NASA, chercheuse à l’USGS (U.S. Geological Survey).
Géologie ? Au revoir Alf, Mr Spock, Widget et Stitch, c’est bel et bien sur Terre que se situe la « découverte », dans les profondeurs du lac Mono en Californie pour être exact. Point de communicateur, de trace de vie aliène ou d’astronef englouti ici, c’est une bactérie qui fait ici parler d’elle. Sa spécificité ? La possibilité de substituer de l’arsenic au phosphore notamment lors de la synthèse d’ADN. Si cette substitution n’est pas obligatoire (elle n’apparait qu’en milieu riche en Arsenic et pauvre en Phosphore) elle pose néanmoins la question sur la « nécessité » supposée du Phosphore à la vie.
Au-delà du débat scientifique que l’article, publié dans la revue Science, provoque, c’est la communication de la NASA autour de cette découverte qui intrigue. Car dans cet article, nulle mention d’exobiologie. Serait-elle passée à la trappe des corrections ? Toujours est-il que Felisa Wolfe-Simon soutient que cette découverte « ouvre la porte vers l’existence possible d’une vie ailleurs dans l’univers ». Mais s’il est vrai que cette découverte élargit les possibilités d’apparition de la vie on reste assez éloignés du coup de pied dans la fourmilière. Car hormis la forte concentration en arsenic des sédiments du lac Mono, on reste dans un milieu assez « classique ».
Alors pourquoi un tel effet d’annonce ?
On pourrait penser ici que la NASA tente de redorer un blason qui se ternit d’années en années. Fin des vols spatiaux habités en 2011, annulation du programme visant au retour de l’homme sur la Lune, installations vieillissantes, l’agence américaine voit peut être dans l’astrobiologie une occasion de justifier son maintien et ses financements. Et rien de tel qu’un bon buzz pour faire parler de soi à moindre coût.
Mais cette bataille pour les financements existe aussi du côté des chercheurs et force parfois un rapprochement forcé entre deux thématiques de recherche initialement distantes. Serait-il raisonnable de penser ici que Felisa Wolfe-Simon ait agité sous le nez de l’agence le chiffon rouge de l’astrobiologie pour obtenir les moyens de mener des recherches nécessitant des moyens matériels conséquents ? Difficile à dire. Notons néanmoins que la jeune chercheuse publiait en 2009 un premier article suggérant la possibilité pour une bactérie de substituer l’arsenate au phosphate dans la synthèse d’ADN.