mercredi 18 juin 2008

Le Paludisme, un parasite qui vous veut du mal

Les parasites nous inspirent dégoût et répulsion, cependant il serait vraiment dommage et dommageable de ne pas s'intéresser à ces êtres vivants qui sont, selon moi, une source d'étonnement perpétuel.
Le paludisme (ou malaria) en est le parfait exemple, cette parasitose est due à un petit unicellulaire appelé Plasmodium qui nous est transmis par les anophèles femelles (moustique) lors de piqûres (les moustiques mâles ne piquent pas). Cette maladie est la plus mortelle au monde, avec près de 1,5 à 2,7 millions de décès par an, et touche principalement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Il n'existe malheureusement aucun vaccin et pas de traitement outre ceux permettant de ralentir l'infestation. Vu l'importance de cette maladie, il semble essentiel d'en comprendre le mécanisme et les stratégies mises en place par Plasmodium, afin de comprendre le pourquoi du comment.

Répartition du paludisme dans le monde

S'il est si difficile de trouver un remède contre ce parasite, c'est que ce dernier a développé des systèmes de protection extrêmement sophistiqués. Partons du moustique, ce dernier nous pique, injectant avec sa salive une série de Plasmodium qui vont dès lors se diriger vers le foie et infester les cellules hépatiques. A l'intérieur de ces dernières, le parasite va se multiplier de façon très intense et non sexuée (c'est à dire qu'une cellule mère de Plasmodium se divise en deux cellules filles de Plasmodium). Les cellules du foie finissent par éclater sous le nombre de Plasmodium à l'intérieur, provoquant chez l'homme des hémorragies. Une fois libre, les petits parasites vont dans le sang et rentrent dans les hématies (globules rouges) pour se multiplier à nouveau. Les parasites échappent ainsi au système immunitaire, qui ne détecte pas les malotrus planqués dans des cellules "normales" (faisant partie du "soi").

Plasmodium dans le cytoplasme d'une cellule

Le premier problème de Plasmodium, c'est que le sang passe naturellement dans la rate afin de recycler les hématies vieilles ou en mauvais état. Si cela se produit, c'est la fin du parasite, ce dernier a donc établi une stratégie pour éviter de passer à la casserole : il exprime des protéines membranaires qui font adhérer les hématies aux parois des vaisseaux sanguins. Ainsi, ils s'agglomèrent, empêchant le passage dans la rate et facilitant le passage d'une hématie à l'autre pour le parasite. Mais cette solution apporte aussi un lot de problèmes, par ces protéines membranaires, le parasite risque d'être repéré par le système immunitaire de son hôte, alors une nouvelle stratégie a été mise en place : Plasmodium possède des gènes "mosaïques" qui permettent de changer très régulièrement de protéines membranaires (elles ont la même fonction mais changent de composition), par conséquent, notre système immunitaire n'a jamais la possibilité de reconnaître et combattre Plasmodium.

Résumé du cycle de vie de Plasmodium (l'Homme est l'hôte intermédiaire, ou vecteur, et le moustique est l'hôte définitif)

En bref, nous n'avons aucun moyen de lutter efficacement contre ce parasite dans notre propre corps, et lui provoque des dommages très importants, en faisant éclater les cellules hépatiques et sanguines, et en provoquant des bouchons dans les vaisseaux sanguins entraînant parfois la mort. Mais l'histoire de ce parasite ne se termine pas là. Dans le sang, des formes sexuées (gamètes) sont produites, et seront aspirées lors d'une seconde piqûre de moustique! Une fois dans l'estomac, les gamètes doivent se défendre contre les défenses immunitaires du moustique, pour cela, elles sécrètent un immunodépresseur qui permet au parasite d'avoir le temps de se reproduire (deux gamètes fusionnent), par la suite, l'oeuf formé se cache en se couvrant de cellules de moustique. Une fois l'oeuf arrivé à maturité, ce dernier éclot, donnant une quantité de petits plasmodium qui migrent vers les glandes salivaires de l'anophèle. Les sporozoïtes provoquent la destruction de l'anticoagulant du moustique, par conséquent, dès qu'il pique, le sang coagule et le moustique ne peut plus aspirer le sang, il lui faut donc piquer de nombreuses fois pour parvenir à ses fins, et en parallèle, il semblerait que le parasite brouille totalement le sentiment de satiété de l'anophèle, la rendant avide de sang et sans peur de se faire tuer.

Anophèle en pleine action

Ainsi, ce minuscule unicellulaire, comme vous avez pu le constater à développé au cours de l'évolution des techniques extraordinaires de survie dans des milieux hostiles. On comprend donc mieux ainsi pourquoi certaines parasitoses sont si difficiles à soigner tant elles sont complexes à de nombreux niveaux. Mais les études se multiplient et aboutissent à des choses très intéressantes, de quoi raviver l'espoir de trouver un jour un remède!

1 commentaire:

  1. On peut ajouter une petite précision quant au "pourquoi on ne trouve pas de remède ?" : actuellement, le Paludisme touche principalement les pays en voie de développement et constitue donc un marché peu intéressant pour les laboratoires pharmaceutiques. Même si un vaccin était trouvé, peu de gens dans le besoin pourrait donc se le procurer.

    Dommage que je n'ai pas lu ce billet avant, j'aurais pu vous dire que la Journée Moindiale Contre le Paludisme avait lieu le 25 Avril, et que tout un tas d'événements étaient organisés partout en France.

    Tant pis, en tout cas, pour l'année prochaine, pensez-y ! Le Paludisme : en parler, c'est le combattre !

    http://www.myspace.com/festivalcontrelepaludisme
    http://www.anemf.org/jmlcp/

    Bisous !

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