mercredi 11 février 2009

Pécresse, si tu savais...

"Dans les rues Parisiennes, les étudiants chantaient, éducation on t'aime et on veut te sauver", voilà l'un de nos chants de guerre qui animait notre marche hier dans les rues de Paris. Unis, enseignants-chercheurs, personnels et étudiants, nous nous sommes mobilisés à près de 60 000 personnes avec pour mot d'ordre le respect de notre statut.
Mais aujourd'hui encore, j'ai pu lire dans les commentaires du Monde que nous n'étions qu'une bande de fossiles archaïques sans la moindre revendication, tout juste capables de beugler dans les rues. A ceux-là je dédicace mon billet d'aujourd'hui, où je rappellerai ce qui semble s'être perdu dans les méandres de leur cerveau reptilien : Le savoir et l'Education font la richesse humaine d'un peuple.
Les réformes et décrets qui nous sont imposés aujourd'hui attaquent de tout bord le bloc de l'éducation. Des réductions d'effectifs pour les professeurs à la précarisation du statut des doctorants en passant par la masterisation, la gravité de ces changements est bien pire qu'on pourrait se l'imaginer. Mais afin d'être mieux compris du monde extérieur, je vais reprendre quelques thèmes phares sur lesquels nous voulons lutter :

La Masterisation : Il est dit qu'un étudiant voulant passer son CAPES devra faire un master (5 ans d'études) au lieu d'une licence (3 ans). En dehors du fait que cela favorise les inégalités entre les candidats (oui, il faut pouvoir se les payer les 5 ans d'études) et épuise les viviers de professeurs, cela implique également que l'étudiant devra mener de front : un rapport de master (travail de recherche) + la préparation au concours du CAPES qui comme chacun sait, est un diplôme extrêmement difficile à obtenir. Nos profs à la fac nous le disent eux-mêmesc "c'est mission impossible". Par ailleurs, et c'est encore plus grave : à l'époque où un professeur ne devait posséder qu'une licence, il y avait une année entière de stage pratique pour simplement apprendre à être professeur. De plus ce stage était rémunéré. Là le stage pratique se réduit à 2- 3 semaines non payées (il existe une autre forme de stage qui pour 108 heures réalisées serait rémunéré autour de 3000 euros mais leur nombre est limité (inégalité)). Imaginez le désarroi des étudiants et du nouveau professeur dans une telle situation : ce professeur n'aura pas eu le temps d'apprendre comment gérer une classe (ça ne s'improvise pas) et n'aura encore moins eu le temps de préparer des cours consistants !!
En bref, ce projet est très grave, et chacun peut en mesurer sa portée sur la jeunesse...

Autre point, celui du doctorant. Cet étrange animal doit faire le parcours du combattant pour en arriver là sans aucune certitude de financement ni d'emploi. Plus généralement guidé par sa passion, certains en sont réduits à se serrer la ceinture pour pouvoir faire une thèse lorsqu'ils n'ont pas de financement...Mais pour ceux possédant un véritable contrat (avec une paye d'environ 1300 euros net youpi avec 5 à 8 ans d'étude) il leur était autorisé, à eux et à eux seuls de briser ce contrat avec l'encadrant en cas de pépins. Aujourd'hui, l'encadrant lui même pourra briser le contrat pendant les 6 premiers mois si ça ne va pas. Or toute personne plongée dans ce milieu saura que la première année de thèse est très floue, très difficile car on ne sait pas encore ce que l'on va faire exactement, on est généralement submergé et après ça va mieux les années suivantes. Les thésards ne sont pas des objets, si ils en sont arrivés là, c'est qu'ils ne l'ont pas volé, et même si sa tête ne revient pas à l'encadrant, il ne devrait pas avoir le droit de le virer. C'est un manque de respect total, et si l'étudiant est perdu ce n'est pas uniquement de sa faute, loin de là.

L'évaluation des chercheurs : "Haaa ces salauds de fonctionnaires qui ne veulent pas être évalués, c'est parce qu'ils foutent que dalle moi j'vous dit !" Discours entendus maintes et maintes fois. Alors, clarifions quelques points : les enseignants chercheurs sont l'une des seules professions à être évaluée en temps réel. En effet, à chaque publication, un comité de spécialistes va relire l'article et vous dire si c'est de la qualité ou non et en conséquence accepter de le publier ou non. C'est une évaluation. Tous les 4 ans, les laboratoires sont évalués. Si le projet est mauvais et n'avance pas, c'est toute une restructuration de l'unité qui est lancée : c'est une évaluation. Ce n'est pas un métier pour flemmard, et je doute qu'une personne bercée par l'envie de faire 8 ans d'études en arrive là pour ne rien faire de ses journées.
Par ailleurs, le superbe décret de Mme Pécresse prévoit qu'un mauvais chercheur sera "puni "par plus d'enseignement. Splendide. Merci pour les étudiants, en bref, un chercheur qui ne produira pas de la qualité viendra nous faire des cours ! Je n'en dirai pas plus, je crois que c'est évident qu'on est pris pour des imbéciles.


Je ne vais pas m'étaler plus longtemps car ce billet risque de faire 4 kilomètres, mais sachez que ceci n'est que le sommet de l'iceberg. Il faut comprendre que ne pas remplacer 1 enseignant sur 2 est une catastrophe pour la richesse et la diversité de notre éducation. Ça revient à augmenter le nombre d'élèves par classe (qui se voit déjà), ceci menant à une éducation de plus en plus succincte et impersonnelle. Cela revient également à supprimer les matières optionnelles comme l'art, les choix de première et deuxième langue, et généralement la suppression de la 3ème langue. Intelligent dans un système en mondialisation perpétuelle.
Détruire la recherche en maintenant des statuts précaires pour les chercheurs (des paies misérables en comparaison des années d'études : un étudiant fait 8 ans d'étude, pour être ballotté de post doc en post doc où il est payé environ 1500-1600 euros net/mois, peut être après passe-t-il maître de conférence où il sera payé 1800 à 2200 euros net et enfin professeur vers 40-50 ans où là le salaire devient conséquent avec plus de 3000 euros net) ; démanteler le CNRS, et conserver des locaux en mauvais état, c'est se tirer une balle dans le pied. La recherche publique est le moteur de l'innovation, les facs sont un vivier extraordinaire d'intelligence et de nouveauté. Sans les chercheurs, pas de remèdes contre les maladies, pas de fusées dans l'espace, pas de confort au quotidien. C'est certainement pas un sarkozy qui a compris la gravité ou générer la loi de la relativité.

Tout ceci amenant certes à des économies formidables, mais que voulons nous? Un pays avec des gens cultivés, doués d'un esprit critique et d'une productivité accrue grâce à sa formation de qualité? Ou voulons nous d'un pays qui stagne, incompétitif en innovation et improductif? La santé d'une nation passe par la qualité de l'apprentissage qui y est offert. Plus les gens seront instruits, plus ils seront libres de penser et de faire les bons choix pour l'avenir. Le long terme est la seule réponse à la crise qui a été engendrée par une mentalité à court terme.

Alors chers ennemis politiciens, commencez donc par augmenter les salaires des cerveaux de votre nation, donnez leur les moyens de faire une recherche de qualité avec des locaux décents , poussez la jeunesse de votre pays à découvrir la richesse de ce monde et à en apprécier la diversité. Investissez dans l'humanité au lieu d'investir en bourse. Rendez à l'Université son rôle d'antan : créer les futurs cadres moyens et supérieurs de ce pays au lieu d'en faire une usine à chômeurs. Changez la mentalité des entreprises qui ne veulent pas faire confiance aux rejetons de la fac, alors qu'ils ont en eux l'une des capacités majeures requises : l'autonomie. En bref, respectez nous et arrêtez de nous prendre pour des cons. Merci.

Et une vidéo en prime, pour voir les mensonges et contre-vérités de notre président...Et je vous laisse admirer le mépris avec lequel il parle de nous...

12 commentaires:

  1. Je vois que tu as choisi un des chants les plus softs pour ouvrir ton billet!

    Très bon bilan, sinon… Pas la peine d'en écrire des pages, on est face au choix suivant : soit ils sont malhonnêtes (sur l'évaluation), soit ils sont incompétents (dans le gestion des projets), soit les deux… J'ai du mal à choisir…

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  2. En effet, j'ai pris dans le soft ^^ mais c'est le plus représentatif de la mentalité.

    Après il y en a pleins d'autres comme :

    "Pas de fac d'élite, pas de fac poubelle, à bas les facs concurrentielles"

    Après y en a pleins avec des vulgarités mais bon je vais pas le dire ici ;) faudra venir en manif pour entendre ces sublimes chants païens !

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  3. Coucou !
    Je suis globalement d'accord avec ce que tu dis (de toute façon je soutiens le mouvement, même si je suis pas allé à la manif pour cause de colle^^), seulement je voudrais rajouter deux trois trucs sur lesquels il me semble important d'insister.

    Alors d'abord, le coup de l'évaluation. Une de nos profs nous a expliqué très clairement la situation actuelle : seuls les chercheurs sont évalués régulièrement de façon automatique, les enseignants-chercheurs le sont aussi comme tu le dis quand ils publient ou alors quand ils demandent une promotion ou encore qu'ils veulent passer un concours. Avec la réforme, l'évaluation sera automatique pour tout le monde. Le truc, c'est qu'il faut tordre le cou à l'idée reçue qui veut que les enseignants chercheurs gueulent contre le fait d'être évalués !!! Ils ne demandent que ça, contrairement à ce que laissent entendre la plupart des reportages à la télé (par ex France 2 hier soir), seulement ils souhaitent que cette évaluation reste sous la responsabilité du CNU (Conseil National des Universités), instance nationale, et qu'elle ne redescende pas au niveau de l'université comme le veut la réforme, ce qui est la porte ouverte au clientélisme et au copinage. Bien sûr on peut toujours faire l'hypothèse que les hautes instances des facs sont honnêtes et respectueuses, mais toujours d'après cette même prof qui a un peu traîné ses savates là dedans, le milieu est quelque peu corrompu.

    Ensuite, je voudrais dire un mot de l'esprit de la réforme. J'ai entendu une chercheuse gréviste à la radio qui a très bien résumé ma pensée : L'université n'est pas une entreprise, le savoir n'est pas une marchandise ! A force de courir après la rentabilité immédiate (mise en concurrence des universités, économies de tous les côtés, suppression de postes etc), à force de développer un modèle d'université basée sur le rendement comme dans les entreprises, on va très vite se retrouver avec un système totalement inefficace. A mon avis il faut accepter que certains secteurs d'activité en France (l'université bien sûr, mais je pense aussi aux hôpitaux) ne soient pas "rentables" (au sens premier et financier du terme). Exiger une rentabilité immédiate, c'est tuer la recherche. C'est la même chose pour les financements par le privé : quelle entreprise va financer des recherches fondamentales pour le moment sans aucune application (=sans aucun profit immédiat) ? Pourtant ce sont ces recherches fondamentales d'aujourd'hui qui feront les grandes avancées de demain. Et encore, comme le faisait remarquer une autre prof (non gréviste), ce ne sont pas les disciplines scientifiques qui seront les plus à plaindre avec cette réforme, les sciences humaines risquent d'en baver encore plus (les intellos qui réfléchissent sur l'histoire ou la philo, ça rapporte queud)... Soyons solidaires !

    Un autre petit point de détail qui montre à quel point les enseignants-chercheurs ont raison de dire qu'on se fout royalement de leur gueule : dans ma section (je ne sais pas comment c'est chez vous et ailleurs), ce sont en majorité les enseignants qui se coltinent les tâches administratives (emplois du temps et autres), ce qui leur prend énormément de temps sur leur recherche. C'est scandaleux qu'on ne mette pas plus de moyens à leur disposition pour qu'ils puissent faire leur métier dans des conditions correctes.

    Voilà pour ma contribution ! En espérant que ce mouvement fasse avancer les choses... mais vu le potentiel d'écoute de ce gouvernement c'est pas gagné.

    Bisous et à bientôt !

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  4. Rah merci Sarah, comme toujours tes interventions sont les bienvenues.
    J'en parlais ce soir avec mon père qui n'a suivit le mouvement qu'à travers les informations télévisuelles, et comme tu le dénonces Sarah, c'est du grand n'importe quoi. Ils disent des chercheurs qu'ils ne veulent pas être évalués c'est faut. Ils le sont déjà mais ça ne leur fait pas peur de l'être en plus. Cependant en effet, il faut que ce soit des professionnels qui le fassent et pas des touristes qui ne connaissent rien au métier. Aucun, je dis bien AUCUN de mes profs a dit ne pas vouloir être évalué. Je ne sais pas d'où les journalistes ont sorti ça, mais à par nous tourner l'opinion publique à dos, ce mensonge n'a pas d'autre effet.

    Pour parler du statut des enseignants chercheurs, les journalistes de france deux hier ont interrogé des présidents de fac...Que je précise, les présidents ne sont PAS des chercheurs, ni des enseignants, c'est complètement à part. Il aurait été bien plus judicieux d'interroger les principaux concernés tout de même...La presse télévisuelle ne transmet aucune de nos revendications ce qui mène à une incompréhension globale navrante...

    Par ailleurs, au comble de la condescendance, madame la ministre affirme que nous n'avons pas compris sa réforme. Elle oublie certainement qu'elle s'adresse tout de même à une classe de personne qui sait lire hein. Et son décret je l'ai dans mon sac à dos, nous l'avons analysé, nous ne parlons pas dans le vent.

    Pour ce que tu dis sur les moyens, c'est très vrai, j'ai eu l'occasion de le voir tout au long de mon stage. Ces chercheurs que beaucoup traitent de faignants sans rien y connaître, font des heures sup non rémunérées (et non réclamées de toute façon), font de la recherche, de l'enseignement, publient des articles dans des journaux, et en plus de ça, ils gèrent également les emplois du temps de leurs sections, s'occupent de toutes les taches administratives du laboratoire, de la commande de cartouche d'encre à l'organisation de l'unité...Donc j'invite toute personne traitant ces chercheurs de faignant de faire leur boulot pendant une journée, et on en rediscutera ensuite.

    Se heurter comme on le fait avec des personnes qui nous insultent alors qu'ils n'ont même pas pris le temps de se renseigner, c'est bien le reflet de la société qui nait de l'influence de notre gouvernement. C'est pas joli joli.

    Et j'ajouterai enfin, que comme tu l'a si bien dit Sarah, la recherche n'est pas un produit, et il n'est pas question de privatiser la fac. Comme les écoles, collèges et lycées publiques, la fac c'est école de l'égalité et de l'instruction pour tous. C'est également garantir la liberté des chercheurs à exercer la recherche qui les intéressent et qu'ils considèrent comme importante. Il n'est pas question d'appartenir à des boites privées qui charment les présidents de fac avec des fonds important. Non car faire ça, c'est signé la mort de la recherche fondamentale, qui en france n'est pas du tout reconnue pour ce qu'elle est : un moteur d'avenir. C'est cette recherche, fluctuante, incertaine qui façonne la recherche pratique du futur. La recherche n'appartient pas à la "mode" et des recherches qui auraient semblé inutiles au premier regard peuvent s'avérer tellement importantes qu'elles deviendront des thèmes repris par plusieurs centres de recherche à travers le monde...Garantir la liberté de la recherche, c'est garantir le progrès.

    Un autre point encore : dans un monde où les pays émergeant nous dépassent en productivité, mais aussi en technologie de pointe, c'est une grave erreur stratégique de couler les grands moteurs de recherche en france. A bon entendeur.

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  5. mmmm... on peut écrire ce qu'on veut, mais pas que le statut des doctorants a été précarisé!!!

    Depuis 2006, ils ont un statut de salarié et non plus de boursier, et leur salaire a été augmenté deux fois de 8% (janvier et octobre 2006, si je me souviens bien) pour atteindre des niveaux plutôt décents: pas loin de 2000 euros brut pour un doctorant moniteur, soit quasiment autant qu'un maître de conférences!

    Evidemment, cela soulève d'autres problèmes (que je détaillais dans ce billet : http://bacterioblog.over-blog.com/article-12196996.html)

    Il me semble donc un peu facile de parler de "précarisation" du statut des doctorants. Pour le reste,

    "Cet étrange animal doit faire le parcours du combattant pour en arriver là sans aucune certitude de financement ni d'emploi." -> comme dans tous les corps de métier. Soit dit en passant, j'ai croisé des dizaines de personnes qui avaient décroché un financement sans faire la preuve d'un mérite particulier, peut-être même que j'en fais partie!

    "certains en sont réduits à se serrer la ceinture pour pouvoir faire une thèse lorsqu'ils n'ont pas de financement" -> normalement 'est interdit et c'est une bonne chose pour le bien des étudiants

    "(avec une paye d'environ 1300 euros youpi avec 8 ans d'étude)" -> c'est qu'ils sont déjà docteurs alors

    "Aujourd'hui, l'encadrant lui même pourra briser le contrat pendant les 6 premiers mois si ça va pas." -> c'est le concept de la période d'essai; s'il est mal appliqué, autant s'en prendre aux encadrants qui sont les pires ennemis des thésards (mais font cause commune avec eux de temps en temps...)

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  6. Salut Benjamin, merci pour ta participation.

    J'ai lu ton billet sur les salaires, super intéressant. Mais j'ai l'impression que leurs valeurs varient d'un endroit à l'autre, tu parles d'environs 1530 euros pour un doctorant, mais la thésarde pour qui je travaille gagnait plutôt autour de 1380/mois. Son post d'ATER est quant à lui rémunéré à 1690/mois.
    Même si c'est "correcte", il faut aussi considérer l'âge que l'on a à ce moment. En milieu de thèse on tourne autour de 24-25 ans si tout se passe bien. Il est grand temps d'être rémunéré à cet âge là sachant que les années précédentes ont été couteuses en étude. Et même si l'écart diminue, à équivalence d'étude, les différences de conditions de travail et de salaires sont encore trop visibles entre ingé et doctorant.

    Mais ce que tu dis est juste, les salaires des niveaux "supérieurs" ne sont pas super attractifs, c'est toute la pyramide qu'il faut rediscuter...Surtout quand on voit les salaires de certains collègues aux états unis par exemple. Selon moi, un travail aussi complet et diverse qu'enseignant chercheur devrait être revalorisé, et de beaucoup.

    ""certains en sont réduits à se serrer la ceinture pour pouvoir faire une thèse lorsqu'ils n'ont pas de financement" -> normalement 'est interdit et c'est une bonne chose pour le bien des étudiants"

    Ca c'est ce qu'on dit. Dans notre couloir, un doctorant a réalisé une thèse sans financement qui a été hautement saluée par toute la communauté...Comme quoi...Ces attributions trop sélectives de crédits peuvent faire passer à côté de travaux intéressant effectués par des gens qui ne cessent de prouver leurs motivations...

    Le terme que j'ai utilisé de précarisation était pour le fait que l'encadrant peut briser le contrat. Etre thésard n'est pas équivalent à être un véritable employé. Selon moi, un thésard est un étudiant avant d'être un employé. Il fournit un travail conséquent et mérite donc d'être payé, mais il n'empêche qu'il reste un étudiant. Et si après les diverses "sélections" il peut se faire jeter pour discordance avec l'encadrant, c'est grave. Très grave. Et je pense qu'il faut pas être un génie pour comprendre qu'on ne peut pas juger un étudiant en thèse sur les 6 premier mois...

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  7. Si je comprends bien, tu souhaiterais que les doctorants soient payés autant que les ingénieurs lors de leur première embauche, tout en ayant un statut intouchable pendant trois ans?

    Pour les salaires, attention à la conversion brut->net. En net, un doctorant moniteur touche 1650 euros par mois (1950 brut). Normalement, les allocations de recherche ne varient pas selon les endroits.

    Il faut aussi préciser un point: en France, les années précédant le doctorat n'ont pas été coûteuses "en études", peut-être en loyer ou autre, mais certainement pas en scolarité, à raison de quelques centaines d'euros par an. Mettons 300 euros par annnée d'inscription à Jussieu, ça fait 25 euros par mois... si tu as un téléphone portable, tu peux comparer.

    Pour ce qui est des thèses sans financement, je maintiens. Si un étudiant n'a pas décroché de bourse, c'est parce qu'un jury de chercheurs a jugé que par rapport à d'autres son projet était moins porteur, son labo moins bon, ou l'étudiant lui-même moins prometteur. Bien sûr, ce jugement peut s'avérer erronné (ou le jury partial...), mais en moyenne, dans la mesure où il n'y aura jamais de bourse pour tout le monde, ce n'est pas un service à rendre à ces étudiants que de les laisser prendre ce risque: gaspiller de l'argent et de précieuses années dans ce qui peut être une impasse.

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  8. Il n'y a pas de raison valable pour qu'un doctorant n'ait pas la même paye qu'un ingénieur. Mais étant toujours étudiant il n'a pas à se faire jeter. C'est bien normal. Après si tu ne penses pas la même chose explique moi pourquoi il devrait en être autrement. Qu'est ce qui justifierais qu'un doctorant soit moins bien payé et qu'il soit jetable comme n'importe quel employé. Le doctorant apprend son futur métier donc il est toujours étudiant dans l'esprit et cela prend du temps et si on devait être viré de cours parce que le prof nous aime pas ca serait le comble. Et qu'on aille pas me dire que le doctorant ne mérite pas une paye correcte, il devient tout de même en fin de thèse le spécialiste mondiale de son sujet à ce que je sache ^^.

    Et oui quand je dis "couteuse en étude" c'est bien sur la globalité de 5 ans d'études. Quant à la partie "école" seule, ce n'est pas "que" 300 euros pour tout le monde, certains font autre chose que la fac avant de passer un doctorat. Mais de toute façon avec en moyenne 6 ans d'études avant le doctorat (en comptant les redoublement et changements de voie) où il faut payer un loyer et la vie (en plus quand c'est à paris comme moi c'est bonbon), c'est bien mérité d'avoir une paye raisonnable quand on commence à être productif.

    Quand je vois des bac+3 pro qui sont payés pour faire leurs études avec assurance d'un emploi et d'une paye supérieure à celle d'un doctorant, j'me dis qu'il y a des soucis tout de même :)

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  9. Malheureusement pour nous, il y a des tas de raisons valables. Entre autres, comme tu le dis si bien, le doctorant est un étudiant en formation, il a peu de comptes à rendre... et le salaire ne se mesure pas à la durée des études.

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  10. Ce n'est pas soutenable ton argumentaire. Tu essais de caser l'étudiant dans une belle case bien définie, or il n'en est rien, c'est un statut très particulier que celui de doctorant. Il apprend, tout en étant productif, il mérite donc d'avoir une sureté de l'emploi sur les 3 ans comme avant, et un salaire décent car il produit de façon correcte.

    En plus, certains diront que le doctorant ne mérite pas d'être intouchable et tout blablabla, mais il faut tout de même savoir qu'en cas de conflit avec l'encadrant, il existe déjà des systèmes officiels pour régler ces conflits, donc aucune raison de modifier le statut du doctorant et d'en faire un kleenex.

    Le gouvernement ferait mieux de s'ateler à des projets plus futés comme donner des moyens suffisant pour que les recherches se fassent correctement. Je vois pas de toute façon pourquoi ils s'acharnent à supprimer des postes, à ne pas vouloir augmenter les salaires ou au moins suivre l'inflation, et à nous donner des statuts précaires dans l'ensemble, alors que le français EST très productif et c'est connu et reconnu. Alors pourquoi continuent-ils à nous mettre la pression? moi pas comprendre.

    Je trouve ces lois et réformes contre productives, inintéressantes et mal placées. Ils parlent de l'ensemble de la société comme d'une grosse entreprise privée, où ils croient que tout est quantifiable, mesurable, et où on peut se permettre de faire ce que l'on veut avec les gens...C'est juste du grand n'importe nawak. Et faut pas s'étonner que les mouvements sociaux s'intensifient et se diversifient, c'est la mentalité générale qui est débile.

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  11. Ha oui et le salaire ne dépend pas du nombre d'années d'étude....Ben, quand même. Je pense qu'il est très grave de ne pas considérer ce paramètre. En général quand on devient docteur, on sert tout de même une noble cause : le savoir, l'innovation et la dynamique d'un pays (mais en france personne ne l'a compris je crois...). On a une qualification que très peu ont et je ne vois pas pourquoi cela ne rentrerait pas en compte dans l'importance de la paye ??? Il me semble indispensable de récompenser une telle qualification au lieu de la rabaisser. Par ailleurs, vu la difficulté de la tache, la diversification de celle ci et les heures sup à n'en plus finir, là je comprends vraiment pas qu'on puisse dire que le salaire ne dépend pas du nombre d'années d'étude...Fin bref !

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  12. Si l'étudiant est considéré plutôt comme un salarié, l'existence d'une période d'essai ne paraît pas anormale. Si on penche plutôt du côté étudiant, on peut imaginer d'utiliser également un critère d'évaluation avant la fin de la première année.

    Toutefois cette discussion me paraît très très théorique parce qu'en fait le directeur de thèse n'a aucun intérêt à virer son étudiant. Dans les faits j'ai ainsi vu beaucoup de thésards jeter l'éponge, certains directeurs de thèse se plaindre chroniquement de leur étudiant, mais jamais au point d'arriver à ne serait ce qu'envisager vaguement de s'en débarasser. En effet un étudiant en thèse apporte énormément d'avantages à son directeur: main d'oeuvre peu coûteuse, voire gratuite (heureusement dans beaucoup d'endroits il est interdit d'inscrire un étudiant en thèse sans financement), élément positif pour son rapport d'activité, voire pourvoyeur de primes d'encadrement... Il est important pour les étudiants d'en être conscient, comme il faut être conscient que ce n'est pas parce que vous ne courrez aucun risque d'être "viré" que vous êtes plus apprécié pour autant. On entend ainsi certains directeurs dire de tel ou tel étudiant qu'il est "moyen" ou n'a pas trop "le profil pour la recherche", et de faire des lettres de recommandation assez peu enthousiastes. Il aurait été sans doute plus profitable pour l'intéressé d'être informé du problème au bout de 6 mois...

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