Drôle d'animal n'est-ce pas? Je vous présente la Bonellie verte, qui fait partie des annélides (vers) et plus particulièrement des echiuriens, on peut la trouver en méditerranée, au nord est de l'océan atlantique, dans la mer rouge et dans l'océan indien.
Chez la Bonellie, l'étrangeté ne s'arrête pas aux frontières de l'apparence. C'est en réalité toute sa vie, du stade larvaire jusqu'à la reproduction qui relève d'une véritable épopée marine.
Au commencement de son voyage, la Bonellie n'est qu'une minuscule larve sexuellement indéterminée*. Voguant au gré des courants marins, c'est l'endroit où elle se posera qui déterminera son sexe. Femelle ou mâle? Tout dépend donc de l'environnement et spécifiquement du substrat. Si la petite larve se pose sur un sol océanique dépourvu d'autres bonellies femelles, elle deviendra femelle. Elle passera, en 2 ans, de quelques millimètres à une femelle dont le corps fera environ 9 cm avec une trompe pouvant s'étendre jusqu'à 1,5 mètre!
Et les autres larves, que deviennent-elles? Et où sont les mâles (;)? Encore une fois, tout dépend de la piste d'atterrissage. Les larves trochophores se transforment en mâle lorsqu'ils atterrissent sur...une femelle, et plus particulièrement, sur la trompe. En effet, les femelles possèdent sur elles une substance masculinisante, transformant les petites larves asexuées en petits mâles (1-3 millimètres, la honte). C'est donc cette substance qui détermine le sexe, les bonellies devenant femelle par défaut. Mais ce n'est pas tout ! Le mâle sera ensuite aspiré dans la femelle par la trompe (qui lui sert habituellement à se nourrir), pour déboucher dans le sac génital de la femelle. Fini les escapades, ces mâles ne reverront plus jamais le monde extérieur et passeront donc leur vie dans le sac génital féminin. Ils se nourriront par l'intermédiaire de la femelle, et n'auront pour mission que de féconder les œufs, une fois par an. Logés, nourris, blanchis, et on ne leur demande qu'une chose : se reproduire. La belle vie en quelque sorte).
Une fois par an, c'est environ 1000 œufs fécondés qui seront produits par la femelle et le mâle. Écloront des petites larves, qui complèteront à leur tour le cycle de la vie.
La bonellie est un parfait, et extrême exemple de ce que l'on appelle Dimorphisme sexuel. Ce terme désignant la différence morphologique que l'on peut noter entre les mâles et les femelles d'une même espèce. A quoi est-ce du? Et bien dans la nature, il faut savoir que les mâles n'ont souvent d'autre but que la reproduction, et coutent cher en énergie. C'est pourquoi leur taille est particulièrement réduite! C'est une histoire d'économie d'énergie :) (je vous invite à lire les commentaires pour plus de précisions).
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*En réalité, certaine larves sont déterminées femelle ou mâle dès le départ, mais elles représentent une minorité des cas.
Sources : Ludek Berec, Patrick J. Schembri, David S. Boukal (2005). Sex determination in Bonellia viridis (Echiura: Bonelliidae): population dynamics and evolution. Oikos 108 (3) , 473–484 doi:10.1111/j.0030-1299.2005.13350.x
Ce site et celui là
La bonellie est un parfait, et extrême exemple de ce que l'on appelle Dimorphisme sexuel. Ce terme désignant la différence morphologique que l'on peut noter entre les mâles et les femelles d'une même espèce. A quoi est-ce du? Et bien dans la nature, il faut savoir que les mâles n'ont souvent d'autre but que la reproduction, et coutent cher en énergie. C'est pourquoi leur taille est particulièrement réduite! C'est une histoire d'économie d'énergie :) (je vous invite à lire les commentaires pour plus de précisions).
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*En réalité, certaine larves sont déterminées femelle ou mâle dès le départ, mais elles représentent une minorité des cas.
Sources : Ludek Berec, Patrick J. Schembri, David S. Boukal (2005). Sex determination in Bonellia viridis (Echiura: Bonelliidae): population dynamics and evolution. Oikos 108 (3) , 473–484 doi:10.1111/j.0030-1299.2005.13350.x
Ce site et celui là
Héhe, je vois qu’on a la biblio !!
RépondreSupprimerAlors : « logé », oui, mais « nourri »... quand on fait 1 mm de long, on mange pas beaucoup. Bref, voilà une espèce qui a trouvé le truc pour réduire foutrement le coût de la reproduction sexuée et les frais de l’entretien des mâles ! Il y a pas des araignées qui font un truc du même genre ?
PS au fait, j’ai pas signé. C’était donc bien moi !
RépondreSupprimerHervé
Heu pour les araignées...Certes dans la plupart des cas le mâle a une taille inférieure à la femelle mais de là à vivre à l'intérieur, ça je connais pas...A voir !
RépondreSupprimerJe vois que les histoires de sexualité animale t'intéressent bien ^^. Ça fait mouche à chaque fois. J'ai jamais vu un amphi aussi silencieux et captivé que pendant les cours sur la sélection sexuelle ;)
Par contre, j'ai appris un truc assez impressionnant la dernière fois. Tu sais que les mâles font tout ce qui est en leur pouvoir pour être le seul à féconder une femelle. Et bien chez certains insectes (genre gendarme, cousin etc), on a remarqué que bien souvent, après l'accouplement le mâle reste accroché à la femelle pour éviter qu'elle aille voir ailleurs.
RépondreSupprimerD'ailleurs, une expérience sympa montrait que plus il y avait de mâle concurrents, plus le mâle restait accroché longtemps :p.
Et c'est ainsi qu'ils ont observé un accouplement de 79 jours !!! Chez je ne sais plus qu'elle espèce (j'ai pas noté, comme une andouille). C'est fou la vie.
Pour l’araignée c’était une histoire assez impressionnante, du genre le mâle se fixe sur la femelle et sa circulation sanguine se fond avec la sienne ?! Je dois fabuler.
RépondreSupprimerGrmf, où ai-je pu lire ça ? Je vais feuilleter deux ou trois bouquins au hasard.
Hervé
Les mâles doivent quand même faire gaffe à par se tromper de conduit et finir digérés je suppose !
RépondreSupprimerJe suppose que tu as vu ça en écologie évolutive ^^, j'aurais bien voulu faire cette UE. J'ai du mal a voir ça comme un exemple de selection sexuelle. Certes la selection sexuelle entraine un dimorphisme sexuel, mais le principe de la selection sexuelle est plutot la selection du partenaire en fonction de differents critères et c'est cette pression de selection qui entraine le dimorphisme sexuel (avec souvent un atrait pour les caractères handicapants pour "tester" le mâle (en général)).
RépondreSupprimerMais ici je ne vois pas de choix de partenaire et de caractère. Je verrais plutot ça comme une pression créé par la selection naturelle. En imaginant deux bonelies "primitives" sans dimorphisme sexuel, la premiere bonelie se pose et deviens femelle. L'avantage reside à être un mâle si on se pose à coté pour pouvoir se reproduire en evitant une forte diffusion de gamètes, ce qui est un gâchis. On imagine ensuite la suite d'evenements amenant au cas extraordinaire de la bonelie.
Alors peut-être ais-je mal compris ce qu'est la selection sexuelle? Je n'ais malheureusement pas pris l'UE d'ecologie evolutive...
Au fait, il y a des animaux où le mâle vis en parasite de la femele et où, effectivement, les systèmes sanguins fusionnent il me semble (je suis pas très sûr), c'est chez certaines baudroies des abysses, mais je crois que c'est mentionné dans ce blog non? Pour les araignées je n'en ait jamais entendu parlé. Mais dans ce cas encore (celui des baudroies) je verrais ça comme un dimorphisme dû à une pression de selection naturelle plutot que sexuelle où le facteur selectif est la faible probabilité de rencontre (ce qui a peut-être été le cas chez la bonelie qui sait?)
Je suis fier de moi, je trouve que j'ai été particulierement court!
Tu as raison, ça n'est pas de la sélection sexuelle, mais une réponse au problème connu sous le nom de « coût des mâles ». Mais ça n'est pas tant une question de dispersion des gamètes que d'économie des ressources...
RépondreSupprimerPour la faire courte : si les mâles et les femelles ont la même taille (et les mêmes besoins) et que le milieu permet de faire vivre 100 individus ; on a 50 mâles et 50 femelles ; la moitié des ressources est utilisée pour la seule production des gamètes mâles, la production effective de l'œuf (avec ses ressources énergétiques) étant le fait des femelles. Il est donc rentable d'avoir des mâles absolument minuscules, et immobiles pour plus d'économie... immobiles, donc fixés à la femelle.
Pour les araignées, j'en ai trouvé trace sur le net mais sans le nom de l'espèce, je persiste donc, et ne désespère pas de trouver une source fiable.
Hervé
PS: Mais Lydie ne dit nulle part que le cas des bonellies relève de la sélection sexuelle !
RépondreSupprimerHervé
PPS: Pour finir la « démonstration », si les mâles sont minuscules, le même milieu permettra de faire vivre, par exemple et à la grosse mode, 80 femelles et 80 mâles. Le gain est certain.
RépondreSupprimerPour comprendre comment ça évolue : les mâles de petite taille ne sont pas désavantagés, tant qu'ils sont capables de produire des gamètes. Par contre, les femelles de petites tailles se reproduisent mal car elles peinent à produire des œufs avec assez de réserves énergétiques.
Bien sûr il y a des tas de mécanismes qui peuvent induire des dimorphismes à l'opposé de celui-ci, par exemple la nécessité pour les mâles d'évincer d’autres mâles. Dans ce cas il y a intérêt à être gros ! Bref, cette histoire d’économie des ressources est à placer dans le contexte d’un certain mode de reproduction.
Hervé
Salut les gens :)
RépondreSupprimerJe vois que ça s'active dans les commentaires, merci beaucoup Hervé pour tes démonstrations !
En fait si, j'ai mentionné que la bonélie était un cas de sélection sexuelle. Après avoir lu vos commentaires je me suis mise à ruminer dans mon coin sur la question. En fait, je savais très bien que c'était une histoire de coût des mâles, au même plan que la taille des gamètes, mais je ne m'étais pas posé la question "est ce que ça fait partie de la sélection sexuelle ou non"?
Résultat de la réflexion, je fais un mea culpa. Je pense que la taille des mâles bonélies ne fait, ici en tout cas, pas référence à la sélection sexuelle (choix d'un partenaire en fonction de certains critères), mais à comme tu le dis Hervé, à une histoire d'économie! Merci à vous deux pour la correction et explication !
(si vous continuez comme ça j'aurai pu de boulot moi!!! ;)
Cela me rappelle un roman de Barjavel je crois, qui imagine une évolution similaire de l'espèce humaine dans laquelle les femmes deviennent essentiellement des seins et uterus géants (je crois) et les hommes des petits chérubins qui se jettent amoureusement sur les seins des femmes pour s'y faire dévorer...
RépondreSupprimerC'est dans le Voyageur Imprudent, le héros voyage dans le futur TRÈS TRÈS loin, et tombe sur un futur ou l'être humain à évolué en sur le modèle fourmi : plein de caste pour tout faire (y compris pour penser ... ça donne des cerveau carré frappé d'un X, ce qui fait dire à un des personnage que le "génie" de Polytechnique a survécu :D ), et donc des castes de reproducteur :
RépondreSupprimer- des chti mâle tout petit, tout kawai, qui attendent près d'une très grosse colline ou il y a des tunnels, et dans les tunnels on voit par flash des "fantasme masculin typique" style paire de seins, et tutti quanti, et quand un des petits mâle supides voit un truc qui l'intéresse il courre vers le tunnel.
- Et au bout du tunnel il y a UNE Femme, qui prend toute la place (donc à priori l'intérieur de la grosse colline, ça impose le respect tout de même), avec des tentacules qui gobent le mâle pour l'utiliser ... et elle pond puis une autre caste élève les bébés selon leur caste.
Et accessoirement le monde bien que "pourvu" de cerveau carré, ressemble effectivement à une fourmilière , le voyageur de Barjavel ne rencontre pas grand monde à qui parler.
Par contre, je suis super content d'être humain quand je vois le sort que la nature réserve aux mâles assez souvent ... être un parasite, n'exister que quelque jours pour féconder une reine fourmi/termites ou autres ... Mammifère ça reste bien quand même la plupart du temps :)
La baudroie des abysses a dû lire Barjavel: les petits mâles baudroies se collent par la bouche sur les femelles. Une fois bien accrochés, ils perdent tous leurs organes progressivement pour ne garder que leurs testicules, alimentées par le système sanguin de la femelle. Celle-ci trimbale alors une réserve permanente de sperme sur elle. Pratique!
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