Mais pourquoi en arrive-t-on là? Et pourquoi pas l'inverse?
La réponse réside dans les gamètes. Les quoi? Les gamètes, ce sont ces cellules sexuelles que vous connaissez bien : le spermatozoïde et l'ovocyte. Ces deux cellules sont à la fois très semblables mais aussi très différentes. Toutes les deux sont, certes et entre autres, haploïdes (portent que la moitié du génome de l'individu), et sont "faites" pour constituer un zygote (cellule œuf, pouvant éventuellement donner un nouvel organisme) lors de leurs rencontres, mais elles diffèrent par leur taille et leur quota de production. Je m'explique. Si l'on considère qu'une femme fait un ovocyte par mois, de 12 à 50 ans, elle produira 456 ovocytes fécondables dans sa vie. Chez l'homme, une seule éjaculation contient environ 200 millions de spermatozoïdes !!!
Vous constatez donc une différence certaine entre ces deux quotas de production. Mais ce n'est pas tout, l'ovocyte est une grosse cellule contenant beaucoup de réserves, alors que le spermatozoïde lui, est tout petit avec très peu de réserves.
Mais où veux-je en venir? Tout simplement, avec ces chiffres, on peut voir que l'ovocyte est une ressource rare, et que comme tout ce qui est rare, va susciter la convoitise. On comprend ainsi que les femelles méritent bien que les mâles se battent pour elle et que ce ne soit pas l'inverse. Le gamète mâle est abondant et facile à trouver contrairement au gamète femelle, à la fois rare et précieux. Ceci expliquant aussi le soin tout particulier que de nombreuses femelles portent au choix du partenaire : gâcher un ovocyte revient à perdre énormément d'énergie et de temps pour la femelle...
Mais pourquoi une telle différence finalement? Pourquoi chacun n'a pas un gamète entre les deux...Pas en faire trop, et pas trop riche ni trop pauvre en réserve? Et bien cela s'explique par des simulations. Il s'avère que les deux stratégies les plus efficaces sont :
-produire beaucoup mais de faible qualité (spermatozoïde)
-produire peu mais de forte qualité (ovocyte)
Un mélange des deux étant visiblement contre-sélectionné par les modèles. Il s'agit en fait tout simplement d'un trade-off (compromis) entre la qualité et la quantité!
Et voilà un mystère de la vie expliqué. Mais attention, dame Nature nous réserve bien des surprises et rien n'est jamais simple. Les contre-exemples se ramassent à la pelle bien évidemment (sinon ça serait pas marrant) ! Par exemple, chez certaines espèces d'oiseaux (le phalarope à bec étroit par exemple), ceux sont les femelles qui sont toutes colorées, font la cour aux mâles et se battent, pendant que le mâle choisit sa partenaire, et couve les œufs. Belle inversion des rôles qui s'explique par le fait que le soin aux jeunes est également un important critère de sélection et qu'un mâle qui s'occupe bien de ses petits, ben ça court pas forcément la calotte polaire, et que ça peut donc à son tour, devenir la ressource rare (n'est ce pas mesdames!!!)! Bon et puis en plus, on pourra noter qu'après la ponte, les rôles sont inversables alors que chez les mammifères, il y a allaitement etc, mais ça ne dédouane pas ces messieurs de filer un coup de main !
Oui, comme tu l'indiques, c'est semble-t-il souvent parce qu'il s'investit dans l'élevage de la couvée, que l'un des deux sexes se montre sélectif sexuellement et discret dans son apparence. Selon les espèces ça peut être soit la femelle, soit le mâle: les hippocampes, et pas mal d'oiseaux par exemple.
RépondreSupprimerQuant à la petite taille des spermatozoïdes, là aussi il y a des exceptions rigolotes: si la femelle copule avec plein de mâles, la compétition entre les spermatozoïdes peut favoriser les grandes tailles surtout s'ils sont produits en petites quantités: le record semble actuellement tenu par une petite mouche (drosophila bifurca) avec des spermatozoïdes pouvant atteindre 6 cm de long (plus de dix fois la taille de la bestiole!)
Woaw, tu m'en apprends une belle pour drosophila bifurca ! 6 cm pour un spermatozoide, c'est extraordinaire cette affaire !
RépondreSupprimerLa parthénogenèse passionnait un Jean Rostand et de nombreux scientifiques plus contemporains consacrent des études à la reproduction non sexuée chez les mammifères. Des souris viables seraient nées de la fusion du patrimoine génétique de deux ovules.
RépondreSupprimerSi cette information n'est pas bidon (curieusement on n'entend plus parler de cette manip.) cela voudrait dire que l'obstacle de l'empreinte parentale a pu être surmonté.
J'ai imaginé cela possible et en ai bâti un récit, pour ceux que la guerre des sexes intéresse. Vous pouvez le télécharger (gratuitement, j'espère que ce message ne sera donc pas considéré comme publicitaire) en suivant ce lien:
http://www.lulu.com/items/volume_24/398000/398251/1/print/398251.pdf
Il s'agit je le répète d'un pdf gracieusement offert, qui ne vaut que pour l'idée de ce que donnerait une pandémie qui ferait disparaitre tous les mâles de la surface du globe. La fièvre porcine est un peu d'actualité, évidemment ma petite fiction introduit un paramètre fort improbable.
Merci de me donner vos commentaires.
Je suis un peu sceptique sur l’argumentation. Le fait qu'un seul des deux sexes transmet les organites, et non les deux, est sans doute quelque chose qui ne peut pas changer simplement sous la pression de la sélection... ça va de pair avec la transmission de réserve énergétiques, etc. Bref, je tends à penser que ça s’est mis en place dès l’apparition de la reproduction sexuée, et non que c’est quelque chose qui a évolué pour atteindre un optimum.
RépondreSupprimerTon billet me rappelle ce billet de Gould : http://www.cegep-ste-foy.qc.ca/profs/gbourbonnais/pascal/nya/ecologie/gouldtxt/gould.html
Bonne lecture !
Hervé
LES SEXES DE L'ESPECE HUMAINE
RépondreSupprimerLe sexe des humains est déterminé, comme chez tous les mammifères, d'abord par l'association aléatoire des chromosomes sexuels X et Y au moment de la fécondation, puis par le développement chez l'embryon, sous l'effet
d'hormones des organes sexuels (ovaires, testicules, organes secondaires externes) .
A la naissance, il y a cinq sexes biologiques et divers intersexués.
A côté des deux sexes standards, les plus fréquents, fonctionnellement masculin (XY) ou féminin (XX), trois autres sexes biologiques
plus rares ou féminin (XX), trois autres sexes biologiques plus rares (20000 cas en France) sont nommés merms (XY fonctionnellement féminin), ferms (XX fonctionnellement masculin) et herms (XX et XY, hermaphrodites).
Les intersexués sont encore plus nombreux
(200 000 cas en France soit 17 sur 1000 naissances) d'apparence masculine ou féminine, mais souvent stériles.
L'acceptation de cette diversité naturelle pose un problème à nos société....Mais dans la nature...Nous EXISTONS bel et bien