Si jamais vous aviez envie de vous réincarner en criquet (on ne sait jamais), je vais vous donner une bonne raison de ne pas le faire. Il existe des parasites que peu de gens connaissent : les nématomorphes. Comme leur nom l'indique ces animaux ressemblent à des nématodes, petit (ou grand) vers au corps cylindrique, parasitant souvent des mammifères dont l'Homme. Mais les nématomorphes eux, ont choisis d'autres proies de prédilection : les arthropodes comme les insectes ou encore les araignées.
Ces parasites peuvent atteindre 10 à 70 cm à l'age adulte, entre dans le corps d'un individu hôte et y passe toute son enfance à grignoter des restes de ce que mange sa maison sur patte. Mais attention c'est un parasite prévoyant, en effet son but étant d'atteindre l'âge adulte et de se reproduire, il prend garde à ne pas endommager son hôte malgré sa taille souvent bien supérieure à celle de celui qu'il habite. Cependant les choses se gatent sérieusement quand le parasite se sent prêt et fringuant pour aller à la rencontre d'un partenaire. Là, il se met à changer le comportement de son hôte en sécrétant des protéines spéciales. L'hôte perdant la boule va irrémédiablement se diriger vers un point d'eau et s'y jeté corps et âme. Pourquoi ce suicide? Simplement parce que le nématomorphe se reproduit dans l'eau, donc une fois que l'hôte se retrouve dans la flotte, le nématomorphe s'extirpe de son ancien habitat, laissant l'insecte complètement déboussolé voire un peu mort.
Ainsi, pour illustrer ce propos je vous ai trouvé une petite vidéo, créée par des chercheurs français qui ont filmé ces suicides et ont examiné en détail comment les nématomorphes pouvaient controler leur hôte. Rien que pour vous, j'ai traduis tout le discours ce dessous!
"Bonsoir, Frederic Thomas, vous êtes chercheur au CNRS et un spécialiste des stratégies d'infection par les parasites, pouvez-vous nous expliquer ce que nous venons de voir?
C'est l'une des démonstrations les plus incroyables de manipulation d'un hôte par un parasite. Le nématomorphe (hairworm), à son stade juvénile est un parasite d'arthropodes, principalement terrestres, incluant les insectes comme le grillon (cricket) et le criquet (grasshopper), mais aussi les araignées . Cependant au stade adulte, ils sont en forme libre et aquatique.
Pendant leur développement, ils passent d'un oeuf microscopique à un ver de taille conséquente qui dépasse bien souvent la taille de l'hôte.
Lorsque le ver atteint son stade adulte, il va altérer le comportement de leur hôte en les poussant à se suicider en sautant dans l'eau.
On peut par exemple dire, qu'un criquet se jetant dans l'eau ne le fait pas volontairement, mais que ce sont les gènes du nématomorphes qui s'expriment à travers le phénotype comportemental de l'hôte infecté et le pousse à sauter dans l'eau.
Pour étudier ce phénomène, nous avons utilisé une approche appelée "protéomique" découverte par David Biron un post doctorant de l'équipe de recherche. L'originalité de cette technique pratiquée principalement sur des criquets et des grillons, réside dans le fait que le parasite est tellement gros, que nous avons pu étudier simultanément le protéomede l'hôte mais aussi celui du parasite à 3 stades importants du phénomène : avant –pendant –après l'infection.
Ces études nous ont permis d'identifier des protéines mimétiques produites par le ver. C'est-à-dire qu'il s'agit de protéines comparables à celles que l'on peut trouver dans le système nerveux de l'insecte. De plus nous avons des preuves empiriques que ces protéines sont aussi physiquement présentes dans le système nerveux central (ganglion céphalique) et que l'insecte est capable de les produire directement lui-même.
Là où ces études deviennent intéressantes en terme de santé publique est que nous savons déjà depuis longtemps que certains vecteurs de transmission de maladies aux humains sont eux-mêmes manipulés par des parasites. Souvent, ce parasite entraîne une augmentation de l'appétit du vecteur, c'est-à-dire qu'il sera plus enclin à mordre ou à piquer et par conséquent, cela augmentera le risque de contamination.
C'est très certainement un changement radical de perception d'un point de vue épidémiologique si l'on admet qu'un moustique infecté piquera plus souvent qu'un individu non infecté."
Il explique à la fin que ces recherches vont être mises en collaboration avec des équipes travaillant sur des insectes comme la mouche tsé tsé transmettant la maladie du sommeil ou encore avec les moustiques transmettant la malaria (ou paludisme).
Donc en plus d'être un terrible parasite, le nématomorphe est aussi un grand survivore, en effet, comme la plupart des parasites il a élaboré une technique pour résister aux prédateurs de son hôte! Hé oui, si l'hôte se fait manger, le parasite risque aussi de passer un sale quart d'heure. C'est pourquoi des parasites ont appris à coloniser l'organisme des principaux prédateurs, ou d'autres encore modifient les comportements de l'hôte pour qu'il ne s'expose pas. Mais le nématomorphe, toujours très original, a trouvé une technique toute différente. Ce sont les deux chercheurs FLeur Ponton et Frédéric Thomas qui se sont intéressés à son cas, en effet quand l'insecte se retrouve dans l'eau avec le nématomorphe qui s'en extirpe, l'hôte est fortement susceptible d'être repéré par des prédateurs tels que les grenouilles. Malheureusement pour lui, il sera très certainement avalé tout cru, alors que le nématomorphe lui, va simplement sortir de l'insecte en cours de digestion, remonter les voix digestives et sortir tranquillement par là où il est rentré c'est à dire par la bouche. Il arrive aussi qu'il ressorte par les narines ou branchies selon la difficulté du chemin!!! Quel charmant animal n'est-il pas?
Source :ici
Sympatiques bestioles...hum...ça donne pas envie d'etre un criquet ou une grenouille... lol
RépondreSupprimerSinon, bravo pr la translation ^^