mercredi 1 avril 2009

Touche pas à mes feuilles !

La plante, force tranquille, feuilles au vent, tout un monde de calme et de silence, qui se laisse nonchalamment grignoter par tous les animaux passant par là...Une attitude végétative que tout un chacun aimerait adopter... Eh bien, c'est pas demain la veille. Le monde végétal, malgré ses apparences, est un monde de concurrence, de bataille, et de stratégie. A nos yeux, rien de visible, mais il suffit de passer en accéléré une vidéo de portion de forêt, chacun se bat pour un photon de lumière en plus, au détriment du voisin du dessous. Et pensez bien que pour arriver à leurs fins, les plantes ne sont pas prêtes à se faire arrêter par le premier herbivore qui passe. Elles sont certes statiques, mais certainement pas inertes face à ce problème majeur.


C'est ainsi que nombre de plantes ont investi de l'énergie dans la production de défenses toutes aussi ingénieuses les unes que les autres. Des défenses physiques comme les épines, trichomes (sur les orties), coques, aux défenses chimiques comme des terpènes, composés phénoliques et autres composés azotés.


Certaines stratégies sont particulièrement intéressantes. Par exemple, certaines plantes produisent des acides aminés non protéiques. En gros, des faux acides aminés. Or les acides aminés (aa) sont naturellement digérés et réutilisés pour faire de nouvelles protéines chez l'herbivore. Or si les aa ne sont pas fonctionnels, les protéines produites seront non viables et pourront conduire à des maladies graves voire à la mort.

Mais les cas les plus intéressants, sont ceux des collaborations des plantes avec d'autres espèces pour se défendre. Par exemple, les Cecropias ont fait appel aux puissantes fourmis pour se protéger. Ils ont aménagé des zones totalement creuses dans leurs troncs avec ouverture sur l'extérieur, rapidement colonisées par des fourmis en quête d'un terrier, et attirées par les substances sucrées émises par le Cecropia. Les fourmis, très territoriales, défendront la plante dans sa totalité contre tout élément menaçant son intégrité.

A la base des branches, les petits bidules sont des zones de sécrétions de molécules sucrées attirant les fourmis.

Les chercheurs se sont par ailleurs amusés à faire des trous dans les feuilles, et remarquèrent que la plante émet d'autant plus de messagers chimiques pour appeler les fourmis à la rescousse.

Cecropia avec ses fourmis

Un autre cas remarquable est celui de la plante Phaseolus lunatus, naturellement prédatée par l'acarien Tetranychus urticae. En vengeance, la plante synthétise une molécule attirant le prédateur naturel de T. urticae. Mais en plus, la molécule produite est volatile et perçue par les plantes de la même espèce environnantes, qui à leur tour sécréteront cette molécule. L'acarien n'a qu'à bien se tenir !

Dans la même lignée mais à plus grande échelle, on trouve l'exemple bien connu de l'acacia dans la savane. Ces plantes, lorsqu'elles sont attaquées émettent de l'éthylène : une phytohormone très volatile. La réception de celle ci provoque la synthèse de Tanin, molécule très toxique qui va empoisonner les braves antilopes qui les grignotaient.
D'habitude, les antilopes, malines, mangent deux ou trois feuilles et s'en vont. Elles n'attendent pas de se faire empoisonner. Cependant, on a pu voir de véritables hécatombes d'antilopes en Tanzanie dues à la sécheresse qui ne laissa rien d'autre à ces pauvres quadrupèdes que de manger les acacias empoisonnés...

En conclusion, les plantes sont loin de se laisser faire, et énormément d'autres exemples de stratégies végétales existent sur terre. Comme pour le champignon, il faut se méfier de tout ce qui semble inoffensif. C'est vicieux ces trucs là.

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